Ce scrutin avait pour but d’exprimer le souhait de la population hongkongaise d’une réforme électorale, une réforme qui puisse leur permettre de voter au suffrage universel les dirigeants de Hong Kong lors des prochaines élections prévues en 2017 qui devraient déterminer le chef de l’exécutif de la ville. Les organisateurs ont ensuite appelé à une manifestation massive le 1er juillet, jour de la manifestation annuelle pour défendre la démocratie à Hong Kong.
Un mouvement prônant le véritable suffrage universel
Pour comprendre la situation actuelle, il faut connaître la situation spécifique de Hong Kong vis-à-vis de la République populaire de Chine. Ayant été une colonie anglaise depuis 1840, conquis lors de la Première guerre de l’opium, la région n’a été rétrocédée à la Chine continentale qu’en 1997. Durant la période coloniale, la ville et ses territoires adjacents se développent en une force économique régionale, puis internationale. Dans les années 1980, avec la fin du bail des 99 ans signé lors de la deuxième convention de Pékin, la déclaration commune sino-britannique engageait le Royaume-Uni à restituer la totalité du territoire et la République populaire de Chine à maintenir le système capitaliste à Hong Kong durant une période de 50 ans ainsi qu’un certains nombre de droits, tel que la liberté d’expression et d’association. Cette déclaration donna lieu à la Loi fondamentale, une sorte de mini-constitution, qui instaure la politique « un pays, deux systèmes » et font de Hong Kong une des deux régions administratives spéciales, l’autre étant Macao. Ainsi la péninsule pouvait désormais profiter d’une autonomie régionale spécifique vis-à-vis de la Chine et de son système.
Mais une partie de la population locale a peur de perdre ces droits, des droits qui sont moins respectés en Chine continentale. Une partie de la population exige de pouvoir élire le chef de l’exécutif de Hong Kong au suffrage universel et ainsi renforcer l’autonomie qu’elle possède. C’est pour ces raisons que Occupy Central a organisé un référendum citoyen durant dix jours. Le mouvement voulait exprimer le souhait de la population de pouvoir choisir librement ses dirigeants et le refus vis-à-vis de ceux imposés par Pékin. Le vote pouvait se faire en ligne ou dans des bureaux de votes informels installés dans l’université ou des centres communautaires. L’électeur avait le choix entre trois méthodes de nomination proposées. Les organisateurs ont eu un succès inattendu, avec pas moins de 770 000 voix déposées lors des dix jours. Ceci fait plus d’un électeur sur cinq parmi les 3,5 millions électeurs potentiels.
Le grand succès de ce référendum est dû, selon Amson Chan, au White Paper publié par le Conseil d’Etat à Pékin et qui redéfinit le « un pays, deux systèmes ». En effet, dans la Loi fondamentale qui est entrée en vigueur en 1997, il est stipulé qu’à partir de 2017 le chef de l’exécutif de Hong Kong serait élu au suffrage universel. Pékin souligne dans ce document que c’est à la République populaire de Chine de décider de combien d’autonomie Hong Kong possède vis-à-vis de la Chine continentale. Elle y rappelle aussi que c’est à l’Assemblée nationale populaire d’interpréter la Loi fondamentale et d’interpréter l’article concernant l’élection au suffrage universel de 2017. Ainsi, elle accepte d’octroyer à la population hongkongaise le droit d’élire leur représentant, mais ce sera elle qui autorisera les candidats, qui les nommera. Il n’y aura pas de candidature libre. De cette manière, Pékin garde toujours la mainmise sur la péninsule. Avec ce document, toujours selon Amson Chan, le gouvernement chinois a menacé implicitement qu’il peut à chaque moment priver Hong Kong de son autonomie, s’il croit que son système socialiste est danger.
Pékin a donc décidé de condamner ce référendum comme illégal et comme un défi à la Loi fondamentale. Le succès du référendum ne lui confère pas le titre de référence pour un changement. En effet, juste un peu plus d’un cinquième des 3,5 millions d’électeurs possibles ont été voter. La majorité n’a pas participé à ce mouvement d’autant plus que Hong Kong a une population totale de plus de sept millions d’habitants. Une grande partie des hongkongais n’a donc pas déposé son avis. Ceci est peut-être relié au fait que les trois propositions que Occupy Central a soumis au choix des électeurs n’étaient pas suffisantes. De même, la proposition de Pékin, c’est-à-dire que le suffrage universel sera instauré, mais que Pékin décidera et nommera les candidats, n’a pas été retenue par les organisateurs. Même s’ils étaient contre cette proposition, ils auraient au moins dû l’intégrer dans le vote. En effet, il y a aussi des citoyens qui s’opposent au vote et à l’ultimatum de Occupy Central qui stipule, notamment à travers une vidéo apocalyptique un peu douteuse, que si le gouvernement ne soumet pas une proposition pour un véritable suffrage universel avant le premier juillet, le mouvement occuperait le quartier d’affaires de Hong Kong.
1er juillet, jour de la manifestation annuelle pro-démocratique
La manifestation annuelle pro-démocratique du premier juillet à Hong Kong, jour de la rétrocession de la région à la Chine, est devenue un emblème des revendications démocratiques de la population. Chaque année, des milliers de personnes y participent pour réclamer la démocratie promise mais inachevée. C’est devenu une tradition qui a pris plus ou moins d’ampleur durant les années, comme en 2003 où un demi million de personnes avaient participé aux manifestations.
Ce n’est donc pas un hasard que le référendum ait eu lieu peu avant ce jour emblématique et que les organisateurs avaient prévue une large participation à ce rassemblement. Selon les organisateurs, il y avait 510 000 participants, tandis que la police, présente avec 4000 unités, prétend qu’il n’y en avait que 92 000. Malgré le mauvais temps, encore sept heures après que celle-ci avait commencé, les derniers manifestants arrivaient au bout du parcours long de cinq kilomètres, tandis que plusieurs milliers de manifestants se préparent à occuper une partie du CBD de Hong Kong et que les forces publiques commencent plus tard dans la nuit à « évacuer » les manifestants du quartier.